« Dis, chéri, et si on louait un film ? » n° 1 / Mai 2008

Publié le par Wolf Tone

Allez, c’est parti, on se lance, une première, un truc de fou, oui, moi, je serai votre guide, votre lumière dans le monde impitoyable des locations DVD. Chaque mois, je viendrai à la porte de votre boîte mail avec la liste de ce qu’il faut pas rater. Oh, ce ne sera pas exhaustif, et je compte sur votre vigilance pour me filer un coup de tatane en cas d’oubli inexcusable.

 

Mais, alors, que nous propose donc le mois de Mai ? De bien belles choses, mes enfants, de bien belles choses…

 

Plusieurs films sortent du lot, indéniablement ; le « Control » d’Anton Corbijn. Lui, vous le connaissez obligatoirement : les splendides photos en noir et blanc de U2, Dépêche Mode, c’est lui. Un grand de la photo, qui passe derrière la caméra pour nous pondre une bio de Ian Curtis, chanteur de feu Joy Division. Inutile de connaître la disco complète du génial compositeur de standard des années 80 comme « Love will tear us apart » ou « Isolation » pour apprécier le film. Car, bien plus qu’une collection impressionnante de plan digne des plus belles photos de Corbijn, « Control » est une analyse touchante du mal être d’un ado devenu star peut être trop tôt. Splendide visuellement, humainement prenant, un bon et beau grand film.

 

« This is England », lui aussi, frappe juste. Moins bien équilibré que « Control », et peut être un peu trop léger par moment, Shane Meadows nous charme surtout par l’indéniable honnêteté de sa démarche. En suivant l’évolution d’un jeune anglais de 12 ans, Shaun, dans le milieu des skinheads des années 80, Meadows nous donne une petite leçon d’histoire : non, le mouvement n’a pas toujours été un amas de nazillon sans cervelle. C’est la crise, l’époque, l’ère Tatcher, qui amena le racisme ambiant dans ce mouvement idéologiquement beaucoup plus proche de l’esprit Rasta. Et pour nous le faire comprendre, il met tout son amour de cette époque sur la pellicule, à travers des personnages fort et attachant. Mention plus que spéciale à Thomas Turgoose, extraordinaire en gosse paumé, petit protégé de ces grands gus en docs et bretelles, et un bravo tonitruant à Stephen Graham, à la fois terrifiant et touchant dans le rôle de Combo, skin raciste, écorché vif. L’atroce humanité de la violence, que l’on comprend, que l’on pourrait presque pardonné, se trouve dans son regard, dans l’amour paternel qui donne à Shaun. Perso, j’en ai presque chialé.

 

Et là, je dit : attention, chef d’œuvre. Film majeur, acteurs splendides, musique superbe. Dur, très dur de parler de « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford », d’Andrew Dominic. Parce que je comprends ceux qui lui avaient trouvé un rythme trop lent. Ceux qui en disaient : « Vouais, c’est vrai, c’est beau, mais c’est un peu chiant, non ? ». Ben non. C’est un tout, c’est un regard dur sur l’être humain, c’est la splendeur du temps qui passe, c’est la fulgurance de la violence dans des instants de poésie pure. C’est deux acteurs immenses, Casey Affleck ( à la fois touchant et repoussant, si proche de notre propre lâcheté, de notre errance ), et l’unique véritable star mondiale actuelle, Brad Pitt. Ne pas avoir vu ce film est une erreur monumentale.

 





Allez, un petit coup de putain-le-film-qui-fait-trop-peur-que-j-en-dors-plus : « 28 semaines plus tard » de Juan Carlos Fresnadillo. Suite directe du film de Danny Boyle, « 28 semaines… » tente de prendre ses distances avec son illustre prédécesseur, et pourtant lui doit beaucoup… et pas pour le meilleur. L’ampleur de l’histoire ( 6 mois après l’attaque du virus, l’armée déclare que la crise est finie, et commence à lancer la reconstruction du pays. Un frère et une sœur retrouve alors leur père, mais, bien sûr, rien n’est jamais « fini »… ) nous sort du côté completement intimiste du film de Danny Boyle. Pourtant, Fresnadillo ( qui nous avait donné en 2003 un « Intacto » de très bonne facture ) parvient à garder un naturalisme qui plonge d’autant plus le spectateur dans l’horreur lorsque le virus refait son apparition. Mais il reprend aussi la fâcheuse habitude de Boyle de filmer les attaques des contaminés caméra à l’épaule, dans des mouvements bordéliques et hystériques qui peuvent filer la gerbe, et surtout, rendent illisible l’action. Alors, même si la première scène d’action est totalement tétanisante tant elle est violente, reprendre le même procédé pour les suivantes est, à mon sens, plutôt maladroit car fatiguant.

Mais le nihilisme de l’ensemble, et la sensation d’oppression palpable tout au long du métrage en fait tout de même un des films d’horreur les plus efficaces de l’année 2007.

En plus de ces 4 films, citons aussi en  vrac « Nothing » de Vincenzo Natali, OFNI du réalisateur de « Cube » et « Cypher », « Paranoïd Park » de Gus van Zant, que j’ai pas vu, et j’en ai bien honte, et « Retribution » de  Kiyoshi Kurosawa, le malade derrière « Cure » et « Kaïro », des films de flippe nippons, des trucs hypnotiques et diablement efficaces…
Voilà, j’ai pas parlé de tout ( 99frcs n’est pas, à mes yeux, le truc le plus intéressant sorti ce mois ci ), mais libre à vous de remplir les trous, et doit y en avoir un petit paquet…
SEE YOU LATER !!!!

Publié dans Sorties DVD

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