Anderson à la rescousse de " My Magic "

Publié le par Wolf Tone

J’ai vécu des moments traumatisant au cinéma. Des moments où je me sentais capable des méfaits les plus sanglants… Ca vous est jamais arrivé, à vous ? De vouloir étouffer votre voisin avec ses papiers de bonbons de merde ? D’abréger les souffrances d’un couple de vieux bourgeois boursouflés qui se racontent le film au fur et à mesure ? J’ai même eu droit, pendant la séance des « Bureaux de Dieu » aux ronflements apocalyptiques d’un gros beauf qui voulait certainement récupérer de sa vie d’alcoolo patenté… Ah, ne me dîtes pas que je suis méchant, hein, les vrais ennemis sont ces substituts d’être humain civilisés qui prennent les salles noires pour des succursales de leurs salons. Hier, j’ai eu droit pendant « My Magic » de Eric Khoo ET aux bonbons sacrilèges ET aux vieux cons dont l’âge semble leur donner tous les droits. Et en plus, le film était chiant…

 

 

Un serveur alcoolique dans des bars miteux ne gère plus du tout son gosse depuis le départ de sa femme. Lorsque son fils pète un plomb et lui gueule dessus en le traitant… d’alcoolique, il décide de se reprendre en main et de reprendre son ancien boulot, celui qui avait fait sa gloire : magicien.
Y a du potentiel là dedans. Un potentiel que la bande annonce mettait fièrement en avant : poésie des tours de magie, solitude d’un gosse mise en parallèle avec celle de son paternel, douleur de la perte, bref, de quoi pondre un beau drame intimiste. Ca, c’est lorsqu’un vrai réalisateur est derrière la caméra, et un bon monteur derrière son Avid. Il est évident que Khoo aime ses personnages, et principalement son père ( joué par Patrick Bosco, un vrai magicien, comme un vrai bon comédien… ), épatant de naturel. Mais certainement pas suffisant pour palier une absence de mise en scène flagrante. Parce qu’il ne suffit pas de cadrer et éclairer quelques plans pour filer une cohérence à un métrage. Tout comme il ne suffit pas de raccrocher les plans dans une logique chronologique ou spatiale pour qu’on ait un montage digne de ce nom. Il suffit de se caler la partie centrale du film : chronologie parfois incompréhensible, construction un peu trop systématique ( je suis magicien, je suis papa, je suis magicien, je suis… papa ! Je suis… ), pauvreté de certaines séquences ( passer de plans bien chiadés à des trucs digne d’une série télé, ça déconnecte ), ces quelques 20 minutes plombent à ce point le métrage que la durée initiale de 1 h 15 semble interminable…


Résultat : un film en 3 parties, la première étant sauvé par un Patrick Bosco bouleversant ( ces coups de fils à sa femme sont poignant ), et une dernière suffisamment paisible pour sauver les meubles. Quant à la centrale, ma foi, on va lui donner le mérite de montrer des numéros de fakir réalisés sans trucages… Hormis cela, c’est surtout l’ennui et l’incompréhension ( quelqu’un peut m’expliquer ce que fout cette prostitué dans le film ? Ca m’aiderait… ) qui plane…

 

 

Alors Wolf Tone vous le dit tout de go sans détour : rester chez vous, planquez vous sous vos couettes devant votre écran télé LCD – HD – Ultra plat et matez vous « A bord du Darjeeling Limited » de l’eeexxccceelleennt Wes Anderson. Et puis tient, matez vous en fait tous ces autres films, de « La vie aquatique » à « La famille Tenenbaum » en passant par « Rushmore », c’est un conseil de votre ami à vous tout seul, pour passer les froides et grises soirées d’automne avec un film – bol de chocolat, un film qui file la patate et réchauffe vos petits corps meurtris. Son petit dernier en date est un pure moment de décalage, de poésie, de burlesque. Suivre ses trois frangins ( géniaux Adrien Brody, Owen Wilson et Jason Schwarttzman ) dans leur voyage initiatique à travers l’Inde, c’est du bonheur en boîte, des rires et de la tendresse, ma foi, que dire de plus, hein ? J’teste votre confiance : calez vous ces petits bijoux, et prouvez moi votre obéissance aveugle, vous ne serez pas déçu…

 




 

Quant à moi, je prépare mes sandwichs : Eastwood, McQueen, Gray, la semaine prochaine va me mettre sur les rotules, mais j’suis comme ça, moi, j’dois avoir de l’argentique dans le sang…

 

Publié dans Critique Cinéma

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article