Les bureaux de Dieu, à la place des tripes...

Publié le par Wolf Tone

J’veux du sang, de la tripaille. J’veux que ça pète, que ce soit tendu du slibard. J’VEUX M’EN PRENDRE PLEIN LA GUEULE !!!! Ahhh, ça fait du bien… Non, c’est vrai, c’est vachement bien « Dernier maquis », « The Visitor » et tutti quanti, mais ça nourrit pas un homme, ça… Un homme, un vrai mec comme moi, ça a besoin de la sueur des guerriers, de marcels trempés par des litres de sang, allez, à la limite, d’une bonne barre de rire, avec ou sans cerveau, m’en fous, J’VEUX PRENDRE MON PIED !!!  Las, Wolf Tone, très las. Pas de plaisirs coupables en vue, que des Max Payne, des Saw 5 ( on va finir par l’avoir, notre saucisse ! ), le retour de ce faussaire de Guy Ritchie, même « Le transporteur » fait son come back pourrave dans les salles noires… J’ai fait le tour. Va falloir attendre le 10 décembre et le nouveau frères Coen, « Burn after reading », avec Georges Clooney et Brad Pitt pour s’en taper une tranche. Et niveau paire de c……., c’est la bérézina jusqu’au 31 décembre et le « Spirit » de Franck Miller, , le papa de « Sin city » version BD. Madre mia…

 

 

J’ai bien tenté le « Quantum of Solace », pfff… Les scènes d’actions sont filmés dans l’unique but de faire vomir le spectateur tant la caméra est épileptique, et en dehors d’une séquence vachement bien torché lors d’un opéra en plein air, et un Mathieu Almaric très convaincant en méchant, rien à se mettre sous la dent, des clopinettes, nada, nibe, nothing, 0 pointé…

 

Mais les salles noires et moi, c’est un peu comme Sarko et les caméras : une drogue, de la colle pour un enfant soldat de Sierra Leone, « Hot Video » pour un ado pré pubère… Alors j’me force à utiliser mon cerveau. Là, vendredi, j’me suis fait « Les bureaux de Dieu » de Claire Simon. Et ben oui, l’air de rien, même si mon instinct viril pouvait continuer de mourir à petit feu ( la vie quotidienne d’un planning familial, c’est pas très punchy… ), mon cerveau, lui, en a eu pour son argent. Il fait le fier, là haut, caché dans ma boîte crânienne, il en peut plus de joie. Puis ma fierté de cultureux français put se redorer la pilule ( whoua, l’humour… ) à la vue de tous. Encore un film social qui fait du bien… Comme Ameur-Zaimeche, Simon filme simplement, ne prend pas parti, ne fait preuve ni de jugement hâtif ou de manichéisme. Casting 4 étoiles ( Nicole Garcia, Nathalie Baye, Béatrice Dalle, Isabelle Carré, puis aussi Marie Laforêt, Rachida Brakni, j’vous dis, que du bon ), mis en scène à la fois effacé et palpable, « Les bureaux de Dieu » nous rappelle à chaque instant que sa réalisatrice vient du documentaire, de la vraie vie. Hormis une séquence pré-générique qui, allez savoir pourquoi, sonne particulièrement faux, et le jeu souvent lourd des deux stagiaires, le film laisse s’écouler le temps, passe par des phases de détentes ( le rituel des cloppes sur le balcon, la bouffe dans le coin cuisine ) et des moments de tension ( le jeune reubeu qui veut savoir si sa copine est bien vierge, la femme enceinte d’un amant qui la harcèle et met en danger sa vie de famille ) avec une fluidité déconcertante.

 

 

Surtout, Claire Simon connaît les limites de l’outil filmique. Au lieu de montrer par l’image ce type des cités lors de son entretien qui s’annonce très tendu, elle fait raconter le rendez vous par ses personnages. Afin de mieux montrer la complexité de certains sujets, elle préfère le débat d’idées à la représentation. Simon sait que tout montrer est une utopie ( à la différence de Cantet qui, dans « Entre les murs », aborde tout au point de survoler des questions cruciales comme le rejet de l’identité française ), et se refuse à faire l’apologie facile de travailleurs sociaux ( l’excellente scène où Marie Laforêt, ne trouvant pas de veine dans l’avant bras d’une jeune noire, lui demande si elle la veut vraiment, cette pillule, ou encore le cours de sexualité de Michel Boujenah face à des adolescentes pouffant de rire, où il garde une distance froide mais certainement nécessaire ). Totalement plongé dans un décors d’un réalisme bluffant ( à croire qu’ils ont investi un VRAI planning familial ), accompagné par une musique jazzy dont l’improvisation rappelle celle, obligatoire, de ces femmes face à des situations difficiles, le spectateur ne sort pas plein d’une reconnaissance particulière pour cette institution, et ce n’était certainement pas le but de Claire Simon. Non, il ressort avec l’impression d’avoir un peu plus compris, d’avoir partagé des moments vrais d’habitude inaccessibles. Film important là encore, qui devrait donner lieu à des sorties scolaires, à des débats, tout comme « Dernier maquis ». J’me répète ? Ah ben tant que vous aurez pas vu ces deux pépites…

 

 

Donc voilà. Positif  prend le pas sur Mad Movies. Mon cerveau prend sa revanche, mes coronès, elles, s’emmerdent grave. M’enfin, d’un autre côté, certaines bandes promettent de grands moments, comme le « Hunger » de Steve McQueen ( 26 novembre ), « My Magic » de Eric Khoo ( en salle depuis le 5 novembre ), et bien entendu le retour du génial James Gray avec une comédie sentimentale ( ?!? ), « Two Lovers » ( 19 novembre ), et du magnifique vétéran Clint Eastwood avec « L’échange » ( 12 novembre ). De quoi prendre son pied d’une autre manière… Bah, va bien y avoir un truc de malade un de ces 4… Wolf Tone reste aux aguets, Wolf Tone est patient…

Publié dans Sorties Ciné

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