Critique " Hancock "

Publié le par Wolf Tone

J’ai failli mourir pour vous. Oui. Vendredi, après un réveil nauséeux, voir carrément liquide, j’ai voulu partir en mission : voir « Hancock » pour vous, pour vous prévenir, pour vous donner cet avis si précieux… Et une fois devant le ciné, pris de sueurs froides, tremblant, blanc comme un linge, j’abandonne la partie. La gastro m’a eu, la s….., repoussant mon assaut pour le lendemain. Mais, vaille que vaille, 38,5° de fièvre ou pas, j’y suis retourné le lendemain, encore fébrile mais fort de votre soutien, porte étendard d’un ciné qui m’habite, constipé à l’Immodium, mais prêt… Prêt à être mi figue, mi raisin, à ne pas trop savoir comment abordé ce qui aurait pu être un OVNI, mais qui reste malheureusement bien collé à terre.


Hancock  ( Will Smith, qui semble se bonifier avec le temps ) est un super héros alcoolique, rejeté par la population pour cause de dégâts se comptant en millions de dollars à chacune de ses interventions. Lorsqu’il sauve la vie de Ray Embrey ( Jason Bateman, comme il faut, hein, style minimum syndical ), un idéaliste bossant dans les relations publiques, ce dernier décide de remettre le pochetron dans le droit chemin, et en faire un vrai super héros, tenue et valeurs à la clef.

Bon, la bonne nouvelle, c’est qu’on est assez loin de la comédie bas de gamme, du truc pour gosse attardé : Peter Berg est un gars plus qu’efficace, un élève assez doué de Michael Mann ( ici co-producteur ), et le scénario, dialogue compris, se démarque des comédies estivales par un côté entre intimisme et grand spectacle. La mauvaise ( et encore, moins mauvaise qu’elle n’y paraît ), c’est que le Berg a tout de même le cul entre deux chaises. Mise en scène assez adulte pour gags sympas quoique assez plan-plan, le film se tient encore jusqu’à un twist en milieu de métrage qui le fait basculé lentement mais sûrement faire un final tragique et plutôt bien chiadé, transformant radicalement le rôle de Charlize Theron ( Mary Embrey, femme de Ray ). Mais même là, la montée crescendo de ce second acte inattendu reste floue, oscillant toujours entre comédie dramatique et blockbuster de base. Il faudra attendre les dernières 20 minutes du film pour vraiment réaliser ce qu’aurait pu être « Hancock ». 20 minutes proches de la tragédie grecque ( et oui, j’assume ! ), 20 minutes nettement plus adultes, durant lesquelles Berg se lâche dans sa filiation avec son mentor Mann.

Alors que s’est il passé ? La réponse se trouve peut être dans l’autre co-producteur, ce vieux salopard de Akiva Goldsman, le gars derrière les mines d’or qu’étaient « Constantine » et « Je suis une légende » que le gros a transformé en vulgaire tas de plombs. Car ce « Hancock » avait été classé R par la MPAA, le CSA américain, dans sa première version et ça, il pouvait pas l’accepter. Reshooting de séquences entières, remontage final, Berg ne pût montrer la valeur de tout son travail dans ce fameux final poignant, à la hauteur de celui de « Incassable », l’autre film de super héros voulant briser les codes inhérents au genre. Reste tout de même un bon film, même une bonne surprise, parfois un peu agaçante ( le style rappeur de Smith lors de certaines scènes peut gaver ), parfois très juste ( le final, donc, mais aussi la conférence de presse de Hancock, ou le repas avec le couple Embrey ), mais au final attachant. Faut juste qu’on interdise à ce con de Goldsmann de produire dans les dix années avenir. Peut être qu’alors certains projets auront droit à un véritable traitement, pas à une cure d’amaigrissement pour toucher un public décérébré…

Publié dans Critique Cinéma

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article