Somniare à Ouessant
Nous y voilà ! Ce que dont nos chers partis politiques rêvaient; Wolf Tone l'a fait : la parité poétique est faite, Paula se joint à nous... Chut, ça commence...
Somniare à Ouessant
L'accessoire est onirique, indépendant du sujet,
Les racines dogmatiques se confondent aux blanches orées.
Tranquille sur mon île, je surnage des figures paumées,
À Ouessant lorsque le soleil brille, l'œil clos se met à briller.
La conscience réflexive fait le baptême du somnium débridé,
À l'aurore sur mon île, des naïades gobent le réel délavé !
Le baiser de la marâtre brode l'effroi sur ma lèvre desséchée,
Est-ce l'image du père dans les yeux du crapaud boursouflé ?
L'amnésie est délicieuse, mais où commence-t-elle ?
Reliée à l'appendice des songes, j'avale les monstres de sel.
Une oscillation amoureuse fait s'abattre un tremblement de ciel,
Des caboches sales et visqueuses s'épanchent sur la plage de verre.
Mais voilà que je tombe dans ce précipice d'aulnes sans fin...
La main assassine excave la tombe puis caresse le bout de mon sein,
Et l'orgasme convulsif fait fuser les ombres qui tortillent les entrailles,
Debout sur la tête d'un dieu alcoolo-dépressif, l'enfant rit !
...Et pas une âme qui vaille !
D'accablants petits oiseaux tombent en grêle sur mon toit ;
Je prends les ailes aux épaules et je saute dans l'entonnoir.
Étendue dans le corridor, j'entends la porte qui m'apostrophe,
Mais voici que le soleil gronde sur mon île en apothéose !
Éclopée dans les ruelles silencieuses d'une ville qui s'effondre,
Lorsque doucement se débrident toutes les chairs moribondes :
Une pute, un militaire, une entaille à mes porte-jarretelles...
Il va de soi que je délire... Mais nom de dieu, quel doux enfer !
De retour sur mon île, je vois mon cœur qui s'ensanglante,
Et dans ma paume virginale, un beau bouquet de jacinthes.
De l'embrassement de l'animal à la tête de noble soupirant
Se décline l'idéal dans une affreuseté qui fait claquer les dents !
Le ventre à genoux, je végète dans cette dimension charmante,
Assujettie à ces lubies cauchemardesques ou enivrantes !
Et dans une ambiguïté lascive, dans un décalage séduisant,
Le salut final, comme une griffe, cabotera la danse du baladin.
Donc, j'ai vu diables et sorcières, dieux et petits séraphins,
Sur un ciel rouge pierre dansaient père et mère, frère et amant ;
Le panache fut détonant sous les hurlements de mon doux océan
Et fit fulminer le volcan dans mon île que j'appelais Ouessant !
Peu à peu le puzzle se démolit dans un dédale de l'impossible,
Je perçois des déchets de vie à travers la lucarne de l'indicible.
Dans un dialogue inextricable aux mots de cendres emportées,
Ai-je ainsi fait ce rêve redoutable que la mort a su charmer ?
© Paula Brás
Somniare à Ouessant
L'accessoire est onirique, indépendant du sujet,
Les racines dogmatiques se confondent aux blanches orées.
Tranquille sur mon île, je surnage des figures paumées,
À Ouessant lorsque le soleil brille, l'œil clos se met à briller.
La conscience réflexive fait le baptême du somnium débridé,
À l'aurore sur mon île, des naïades gobent le réel délavé !
Le baiser de la marâtre brode l'effroi sur ma lèvre desséchée,
Est-ce l'image du père dans les yeux du crapaud boursouflé ?
L'amnésie est délicieuse, mais où commence-t-elle ?
Reliée à l'appendice des songes, j'avale les monstres de sel.
Une oscillation amoureuse fait s'abattre un tremblement de ciel,
Des caboches sales et visqueuses s'épanchent sur la plage de verre.
Mais voilà que je tombe dans ce précipice d'aulnes sans fin...
La main assassine excave la tombe puis caresse le bout de mon sein,
Et l'orgasme convulsif fait fuser les ombres qui tortillent les entrailles,
Debout sur la tête d'un dieu alcoolo-dépressif, l'enfant rit !
...Et pas une âme qui vaille !
D'accablants petits oiseaux tombent en grêle sur mon toit ;
Je prends les ailes aux épaules et je saute dans l'entonnoir.
Étendue dans le corridor, j'entends la porte qui m'apostrophe,
Mais voici que le soleil gronde sur mon île en apothéose !
Éclopée dans les ruelles silencieuses d'une ville qui s'effondre,
Lorsque doucement se débrident toutes les chairs moribondes :
Une pute, un militaire, une entaille à mes porte-jarretelles...
Il va de soi que je délire... Mais nom de dieu, quel doux enfer !
De retour sur mon île, je vois mon cœur qui s'ensanglante,
Et dans ma paume virginale, un beau bouquet de jacinthes.
De l'embrassement de l'animal à la tête de noble soupirant
Se décline l'idéal dans une affreuseté qui fait claquer les dents !
Le ventre à genoux, je végète dans cette dimension charmante,
Assujettie à ces lubies cauchemardesques ou enivrantes !
Et dans une ambiguïté lascive, dans un décalage séduisant,
Le salut final, comme une griffe, cabotera la danse du baladin.
Donc, j'ai vu diables et sorcières, dieux et petits séraphins,
Sur un ciel rouge pierre dansaient père et mère, frère et amant ;
Le panache fut détonant sous les hurlements de mon doux océan
Et fit fulminer le volcan dans mon île que j'appelais Ouessant !
Peu à peu le puzzle se démolit dans un dédale de l'impossible,
Je perçois des déchets de vie à travers la lucarne de l'indicible.
Dans un dialogue inextricable aux mots de cendres emportées,
Ai-je ainsi fait ce rêve redoutable que la mort a su charmer ?
© Paula Brás