INDY !!!!!
Un « Indiana Jones » ne se résume pas. Je ne vais pas vous injurier en vous racontant les 3 derniers épisodes. Et ceux qui ne savent pas ce qui s’est passé avant, n’iront certainement pas voir ce 4ième film. Moi, Indy, c’est mon vieux pote, c’est le mec qui me file la patate rien qu’en prenant son chapeau avant de parcourir le monde…
Alors, aujourd’hui, j’étais prêt. Mes lunettes avaient été lustrées 3 fois, j’avais choisi ZE salle, le Max Linder, ce qui veut dire projection numérique, son numérique, orgasme numérique. D’ailleurs, j’avais pris soin d’embarquer un caleçon propre. Le couteaux entre les dents, j’avais lâché une caisse phénoménale, et cela porta ses fruits ; personne autour de moi à moins de 10 mètres. « Tatatataaa, tatataaaa… », ne pouvait s’empêcher de chanter mon cerveau en manque. Car oui, mes frères, mes sœurs, cela faisait prêt de 20 ans que l’archéologue au nom de chien ne nous avait plus gratifié de son sourire ravageur et de ses coups de fouet… Putain, 20 ans, 100 visionnage des « Aventuriers… », 50 de « La dernière croisade… », mais juste 4 ou 5 doses de « Temple maudit ». Ben vouais, alors que les internautes, les geeks se vautrent dans le dithyrambique sur le second volet, moi, je le trouve incohérents et mal foutu.
BREF, le silence se fait en même temps que le noir, la légendaire montagne de la Paramount apparaît sur l’écran aussi grand que mon appartement et… se transforme en monticule de terre d’où émerge une taupe !!! COMME DANS L’ANCIEN TEMPS !!! « L’exercice de la Montagne d’ouverture », comme le dit Mad Movies !!! Mon « Tatatataaa… » monte d’un cran, et Spielby nous confirme d’emblée, avec une scène à la « Américan Graffiti » que c’est un putain de nom de dieu de merde de réalisateur… Une cabriolet avec des jeunes totalement fifties qui provoquent un bidasse à la course, c’est quoi, si ce n’est qu’une mise en bouche, un truc de scénar’ vide pour sentir bon l’insouciance ? Ben c’est une leçon de mise en scène d’un des plus grands cinéastes que la Terre, l’Univers n’est connu…
J’vais pas vous raconter l’histoire, ça mettrait trois plombes, et ça servirait pas à grand chose. Disons juste que le tandem Lucas/Spielberg délaisse les Nazis et plonge dans la guerre froide ( ce qui donne droit à toute une série de clin d’œil aux vieux films de SF ou d’aventures sortis en pleine guerre froide ), et que le ton général nous laisse peut d’espoir de revoir Indy dans les années à venir. Mais je ne peux pas non plus vous mentir tout du long : même si j’ai eu la banane de l’ado décervelé devant des images de ouf’ pendant une grande partie du film, j’ai connu aussi le regard vide des fans déçus…
Parlons du pire, car il existe, et je suis intimement persuadé qu’il a pour source notre bon vieux Georges Lucas, le mec qui a flingué sa trilogie interstellaire tout seul comme un grand. En vrac, il y a Shia Labeouf ( ce mec mérite le respect de la terre entière à s’accrocher à un nom aussi débile ) jouant à Tarzan avec des singes rouges faits en mauvais CGI ; des Incas ultra bien foutus, mais flingués ultra vite ; des dialogues qui n’en finissent pas au milieu du film, le tout pour nous pondre une déduction digne d’un Derrick suisse ; un John Hurt sous-sous-sous-employé ; des méchants qui n‘ont pas le début du charisme des précédents ; mais surtout, SURTOUT, l’évocation, en une seule ligne de dialogue, de deux personnages symboliques de la série, Brady et Henry Jones Senior ( papa Indy pour les ignares du fond de la salle ). CA, ça mérite le courroux, c’est une honte, un blasphème…
Alors pourquoi, mes chers amis, devriez vous débourser 10 euros ? Parce qu’il y a une course poursuite entre Indy et son fiston et les bad guys russes qui se termine en plein cœur du Marshall College ; parce qu’il y a un combat au sabre sur deux caisses roulant à fond dans la forêt amazonienne ; parce que Ford/Indy est égal à lui même, cabotin, tête de lard et casse cou ; parce que Shia Labeouf tient là son meilleur rôle en fils Jones. Parce que Marion Ravenwood is back ! Marion, la tenancière perdue au fond de la Mongolie dans « Les aventuriers… » ! Rhaaa, Marion… D’ailleurs, leurs retrouvailles fera certainement parties des meilleurs moments de l’ensemble de la série.
Et planant au dessus de tout, Spielberg le magnifique, celui qui fait rêver, qui rend jouissives les cascades les plus incroyables, avec ce petit je ne sais quoi qui fait de ces prouesses des perfections cinématographiques… Spielberg n’a jamais été meilleur que lorsqu’il redevient un gamin avec ces gros jouets. Et dans « Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal », des jouets, il en a des vraiment chouettes.
Alors ok, le scénar’ est un peu bancal, certaines idées sont carrément ridicules, mais… Imaginez : une voiture militaire conduite par des russes s’arrête dans une base US dont les gardiens ont été tués. Ils sortent du coffre un homme, puis, après avoir jeté un feutre sur le sol sablonneux, ils en sortent un deuxième, que nous ne voyons que de dos… L’ombre du feutre se dessine sur le capot de la voiture, l’homme se baisse pour le ramasser, John Williams entame les première notes répétitives annonçant le « Tatatataaa… » de mon enfance, et Indy se relève en ajustant son chapeau.
Mon froc est trempé, la banane me traverse le visage, le cinéma a disparu, le rêve commence…